Les réseaux féminins se mobilisent pour plus de mixité dans le numérique

30 juin 2016 3 Réponses

des convictions et des idées en direct des réseaux ! la mixité en action

SupplémentdElles s’engage, avec 25 autres réseaux, pour appeler à une action volontaire du gouvernement, de la classe politique, du monde économique et toutes les parties prenantes de la tech, afin d’accélérer l’agenda de la mixité dans le numérique. 

Voici la tribune parue ce jour dans le quotidien Les Echos, à l’heure de l’ouverture du 1er Forum Viva Tech Paris qui se tient Porte de Versailles jusqu’au 2 juillet.

Plus de femmes dans la tech et le numérique : Il est urgent d’agir et de réagir !

Grace Hopper

Hier elles s’appelaient Ada, Grace, Anita. Elles ? Ce sont les pionnières du numérique. Beaucoup l’ignorent, mais c’est une femme qui au XIX siècle a créé le premier programme informatique : Ada Lovelace. Encore une femme, Grace Hopper, qui en 1959, a conçu le premier langage de programmation. Toujours une femme Anita Borg, qui dans les années 1980, a imaginé un système permettant d’analyser des systèmes mémoriels à haute vitesse, et qui a fait partie des premières utilisatrices actives du courriel. Mais, depuis les années 1970-19800, l’industrie du matériel et du logiciel informatique est devenue une affaire d’hommes, dont les femmes sont progressivement écartées, alors même que le numérique est devenu une technologie qui transforme le monde et qu’à terme, leur absence pose problème pour la société toute entière.

Aujourd’hui, la proportion d’étudiantes dans les filières du numérique est inférieure à 15%, et ne cesse de diminuer, alors même que ce sont les diplômés de cette spécialisation qui bénéficient aujourd’hui des meilleures conditions d’insertion sur le marché du travail avec 79% de diplômés informatique en CDI (contre une moyenne de 50% pour tous les diplômés en France) dont 87% sont cadres (contre une moyenne de 57% pour tous les diplômés en France) [1].

Aujourd’hui, les données issues du Syntec Numérique confirment que les femmes restent sous représentées dans le secteur du numérique où elles ne représentent que 27,1% des effectifs (fonctions supports comprises) [2] alors même que cela a été démontré, une présence accrue des femmes dans le numérique pourrait augmenter de 9 Milliards le PNB de l’Union Européenne chaque année [3] !

Aujourd’hui, les difficultés rencontrées par VivaTechnology pour mobiliser des femmes dans le numérique confirment ce constat de façon évidente. En effet cette manifestation phare qui se tient à Paris du 30 juin au 2 juillet 2016 pour réunir des start ups et des grandes entreprises autour de l’innovation technologique a engagé un effort important pour accueillir des femmes, engagement confirmé par l’organisation d’une série de conférences sur ce sujet en partenariat avec le Women’s Forum [4]. Toutefois les organisateurs interpellent à juste titre sur ce sujet : « Est-ce si difficile d’écouter des femmes dans une conférence high tech ? ». De fait, est-ce si surprenant de donner la parole à des femmes qui exercent des fonctions importantes dans ces métiers ? Hélas, la réponse aujourd’hui est encore oui. Il suffit de se référer à la proportion que représentent les femmes en général dans ce type d’évènement en France comme à l’international pour s’en convaincre.

Aujourd’hui, nous refusons de nous résigner ! Nous refusons d’accepter cet état de fait. Il est temps, il est urgent d’agir, de réagir. Il est temps de réconcilier les jeunes filles et les jeunes femmes avec des formations qu’elles ne choisissent pas, souvent par ignorance, ou en raison de stéréotypes liés à ces métiers.

Il est urgent de leur montrer, de leur démontrer à quel point leurs idées, leur expertise et leur créativité, leur manière de penser peuvent faire la différence dans cette industrie de produits et de services dont elles s’excluent. Elles en sont pourtant les premières utilisatrices dans leur vie professionnelle ou privée, avec une présence plus forte que celle des hommes sur des réseaux sociaux tels que Twitter (22% de femmes utilisatrices versus 15% d’hommes), ou Facebook (76% de femmes versus 66% d’hommes) [5]. Il est indispensable de rendre visibles toutes ces réalisations exemplaires portées par des femmes et de valoriser les atouts des équipes mixtes dans ces nouveaux métiers qui dessinent le monde du futur.

 

De nombreuses initiatives ont déjà été lancées par les associations et réseaux de femmes, les entreprises engagées pour la mixité, les écoles et les universités, les pouvoirs publics… Mais les progrès restent insuffisants. C’est pourquoi nous invitons le gouvernement à engager une action décisive sur ce sujet. Une action qui, parce qu’elle engage la puissance publique, ainsi qu’une pluralité d’acteurs représentatifs et en particulier des réseaux féminins tels que ceux que nous représentons, permettra aux femmes de contribuer également aux développements futurs dans le numérique !

 

Catherine Ladousse, Co-fondatrice & Présidente du Cercle InterElles

Claudine Schmuck, Présidente du groupe Informatique et Télécom Sciences Po Alumni, membre du G9+

Thaima Samman, Co-fondatrice et Présidente de European Network for Women in Leadership

 

avec le soutien de :

(associations par ordre alphabétique)

Mansour Zoberi, Président de l’Association Française des Managers de la Diversité

Anne Guillaumat de Blignières, Présidente d’Alter Egales

Véronique Pierron-Bohnes, Présidente de la Commission Femmes et Physique de la Société Française de Physique

Agnès Crepet, Ellène Dijoux, Amira Lakhal, Dirigeantes de Duchess France

Marie-Sophie Pawlak, Fondatrice et Présidente d’Elles Bougent

Fatiha Gas, Directrice du réseau Elles@ESIEA

Brigitte Longuet, Présidente et Agnès Bricard, Présidente fondatrice Fédération des Femmes Administrateurs

Agnès Fourcade, Florence Richardson co-Présidentes de Femmes Business Angels

Véronique di Benedetto, Présidente de Femmes du Numérique, commission du Syntec Numerique 

Laurence Broze, Présidente de Femmes et mathématiques

Sylvaine Turck-Chièze, Présidente Femmes et Sciences

Aline Aubertin, Présidente de Femmes Ingénieurs, Vice-Présidente du Cercle InterElles

Isabelle Job-Bazille, et Delphine Maisonneuve Co-présidentes de Financi’Elles

Clarisse Reille, présidente de Grandes Ecoles au Féminin

Marie-Amélie Frere, Co-présidente de Girlz In Web

Isabella Lenarduzzi, Fondatrice et directrice de JUMP

Marie-Christine Oghly, Présidente Les femmes de l’économie et Secrétaire Générale Femmes chefs d’entreprise

Frédérique Clavel, Fondatrice et Présidente du Réseau Les Pionnières

Pascale Bracq, Présidente du Groupe Femme et Société de Sciences Po Alumni

Emmanuelle Larroque, Fondatrice et directrice de Social Buider, porteur du programme Jeunes Femmes du Numérique

Isabelle Blin, Présidente de Supplément d’Elles

Marlène Da Silva, Présidente d’honneur de Synergie pour la mixité de l’EPITA

Valérie Tandeau de Marsac, Fondatrice et Présidente de Vox femina

Emmanuelle Duez, présidente de Women’Up

 

 

[1] Source : APEC, Septembre 2015.

[2] Source : Chiffres clés du secteur numérique, Avril 2016, Syntec Numérique

[3] Source: « Women active in the ICT sector », DG Connect, 2013.

[4] Samedi 2 juillet : La place des femmes dans la révolution digitale

[5] Source : Brandwatch blog, January 2015.