“Ma carrière professionnelle a démarré dans les années 70 et j’ai participé à la création et au dévelopement du Chasseur de Têtes HRM que j’ai dirigé à partir de 1989.

A l’époque il n’y avait quasiment pas de femmes dirigeantes et nos interlocuteurs – clients et candidats issus majoritairement des grands groupes-étaient presque exclusivement masculins. J’étais, du reste, une des rares femmes « chasseuse de têtes » en France dans une profession nouvelle où les consultants étaient des « seigneurs » donc des hommes.

Les grandes écoles devenant mixtes ont commencé à fournir un vivier important de femmes cadres mais essentiellement dans des postes « support » (Communication et Marketing, RH, Juridique, Audit et Contrôle) et je n’ai eu de cesse de proposer à mes clients -quelquefois agacés- des short-list mixtes avec des candidates remarquables. Peu à peu j’ai réussi à faire recruter des femmes mais j’ai découvert avec elles la réalité du plafond de verre qui les empêchait d’atteindre le sommet.

Ma prise de conscience s’est ancrée dans cette longue expérience doublée d’un fort sentiment d’injustice. Dans les années 90 j’ai consulté de nombreuses dirigeantes pour réfléchir aux moyens d’agir pour avancer vers plus d’égalité et de mixité.

Le Club HRM Women est né ainsi officiellement en 1998 avec un noyau dur d’une quarantaine de femmes cadres supérieures choisies pour leurs compétences, leur motivation et leur engagement. Il s’agissait notamment de confronter nos expériences, de nous rendre plus visibles et d’être un club de réflexion, de propositions et de solidarité et d’entraide.

La suite est connue. Grâce aux actions pilotées par des ateliers (Campus, RH, Réflexions de fond, Jeunes Femmes) à une communication dense avec les Pouvoirs Publics et les Médias, à des déjeuners débats et des colloques avec des personnalités de premier plan, nous sommes devenues des actrices importantes et reconnues des réseaux de femmes dirigeantes. Intellectuellement, professionnellement et affectivement le Club m’a beaucoup apporté et plusieurs membres sont devenues des amies.

Au bout de 10 années de présidence, j’ai souhaité passer le flambeau aux plus jeunes : Brigitte Basin puis Laurence Dumure Lambert ont relevé le défi avec talent et imagination et je les en remercie.

Il faut aujourd’hui continuer le combat -car il s’agit bien d’un combat- comme nous l’a confirmé Simone Veil lors d’un mémorable déjeuner du Club. Nous avons, certes, progressé mais « les chiffres sont têtus » et beaucoup reste à faire. Les nombreux réseaux de femmes actuels avec de plus en plus de jeunes militantes très motivées devraient permettre d’accélérer ce trop lent cheminement vers l’égalité et la mixité.”

Eliane Moyet-Laffon